Nos associations face au coronavirus - quelques rencontres

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Saviez que le secteur associatif représente 4,9% du PIB de la Belgique ? C’est une étude récente de la Fondation Roi Baudouin et de la Banque Nationale de Belgique qui le dit. Les associations constituent même 12,6% de l’emploi salarié de notre pays. Si une grande part de ce chiffre est occupée par le secteur des soins de santé et des maisons de repos, il n’empêche qu’il reste impressionnant. Il montre l’importance économique de nos associations qui créent de la richesse.

Mais l’économie n’est pas le plus important pour ces associations sans but lucratif. Pour la plupart, leur objectif est de favoriser le bien-être et la cohésion de notre société. Ce sont elles qui accueillent vos enfants pour un stage sportif ou un camp de jeunesse. Ce sont elles qui vous proposent des activités culturelles, folkloriques ou touristiques. Ce sont elles qui défendent une cause qui vous est chère. Ce sont elles qui s’impliquent dans la vie de votre école. Ce sont elles qui organisent nos fêtes.  Ce sont elles qui créent la rencontre et la convivialité dans nos villages. Ce sont elles qui sont le ciment de notre société. A Ittre, Haut-Ittre et Virginal, cela représente des dizaines d’associations et encore plus de bénévoles qui consacrent leur temps, leur talent et leur cœur à notre communauté…

La crise du coronavirus a bien sûr impacté le quotidien de ces associations. Les évènements et rassemblements sont à présent interdits. Le calendrier des activités du Petit Tram est aujourd’hui tristement vide. La rencontre et la convivialité sont mis entre parenthèse, en espérant des jours meilleurs. Certains se sont réinventés, d’autres ont dû cesser leurs activités. Quel impact la crise a-t-elle eu sur les activités de nos associations ? Quelle influence cela a-t-il eu sur leur quotidien ? Comment envisagent-elles l’avenir ? Nous avons rencontré certaines d’entre elles pour connaître leur réalité. Un tour d’horizon pas du tout exhaustif… 

Être jeune au temps du covid

En cette période de confinement, une catégorie de la population attire particulièrement l’attention, peut-être même davantage qu’en temps normal, ce sont les jeunes. Certains y voient des irresponsables qui ne respectent pas les règles. D’autres, au contraire, estiment qu’ils sont en danger par cette privation partielle de leur liberté. J3 est basé à Virginal. Son local se trouve au-dessus de la salle polyvalente. Depuis des années, l’ancien « No Man’s Land » s’occupe des jeunes de 12 à 21 ans.  Pour Lionel Lattenist, l’éducateur de rue qui encadre les jeunes, les activités sont pour le moment à l’arrêt complet : « Nous avons dû fermer lors du premier confinement et c’est à nouveau le cas depuis le début du deuxième confinement. Entre les deux, pendant l’été, nous avons pu proposer des activités, que nous avons adaptées à la crise sanitaire. Pas facile d’apprendre un Brevet de Premier Secours en respectant la distanciation et le port du masque ! » plaisante-t-il. « Mais on a su s’adapter…»  

Une fois le confinement en route, alors que tous les rassemblements sont interdits, comment faire pour rester en contact avec les jeunes ? Pas facile… « On a essayé de proposer des activités à distance, comme des tutoriels vidéos en ligne, mais on n’a pas eu beaucoup de réactions. Même si je reste joignable par mail ou par téléphone, on perd le contact sur le terrain. Les contacts sont moins fréquents. »

Le respect des règles sanitaires

Une des activités de l’automne a dû être annulée : « Place aux enfants » n’a donc pas eu d’édition 2020. Et quand Lionel envisage le futur, difficile de planifier des projets. « On ne prévoit pas d’activités pour le moment. On prépare l’année prochaine. On a constaté entre les confinements que, malgré ce que certains disent, les jeunes ne veulent pas toujours être devant leur écran. Ils ont aussi envie d’être ensemble. Dès que nous avons réouvert, ils ont de nouveau répondu présents. Ils en avaient besoin.»  

Par rapport à tout ce qui est dit sur le non-respect des règles par les jeunes, l’éducateur tempère : « Les jeunes respectent bien les règles à l’intérieur. C’était plus compliqué une fois dehors. Le port du masque et la distanciation ont eu un impact sur la fréquentation. Ils venaient aux permanences, mais ils restaient moins longtemps. Ils respectent parfois mieux les règles que les adultes. »  

Enfin, certains jeunes ont aussi été impactés par l’arrêt des activités professionnelles « Ceux qui cherchent du boulot, ne trouvent pas pendant cette période. D’autres, qui ont un emploi, ont dû arrêter de travailler… »

Les clubs de sport à l’arrêt

Dans le domaine sportif, la Palette du Ry-Ternel est un club de tennis de table établit à Ittre depuis presque 40 ans. Originaire de Haut-Ittre, le club membre de la Fédération Royale Ouvrière de Tennis de Table Belge Francophone accueille aujourd’hui des jeunes et des adultes dans les installations du Centre sportif de Virginal.

Au niveau sportif, toutes les compétitions de tennis de table sont suspendues. Le compteurs seront remis à zéro au mois de janvier. S’il fallait trouver un avantage par rapport aux sports qui se jouent en extérieur, c’est la distanciation. Dans un match de tennis de table, les deux joueurs sont systématiquement tenus à distance par la table qui les sépare.

Pour José Valdès, son président, le calendrier de l’année 2020 a été bousculé : « Nous avons arrêté toutes nos activités pendant le premier confinement. Pendant les trois mois d’été, alors que les activités sont traditionnellement à l’arrêt, nous avons rattrapé notre retard. Avec des mesures sanitaires adaptées, les entrainements pouvaient se dérouler presque normalement. Aujourd’hui, seuls les entrainements pour les moins de 12 ans fonctionnent. Tout le reste est à l’arrêt. La vie du club est en stand-by. On prend notre mal en patience et on fait ce qu’on peut, mais on n’a pas de visibilité à moyen terme. Quand pourra-t-on recommencer ? »

Des finances impactées ?

Une année comme celle-ci aura-t-elle des conséquences sur les finances du club ? « Dans l’absolu, nous fonctionnons à l’aide des subsides et de la cotisation des membres, qui a déjà été versée. Comme nous sommes à l’arrêt, nous n’avons plus de frais de location de salles ou de rémunérations des entraineurs. Cela s’équilibre donc. Par contre, il est vrai qu’on organise généralement deux tournois par an, qui permettent de remplir les caisses. On espère pouvoir reporter celui de novembre au mois de janvier, et maintenir celui prévu en fin de saison. Sinon, cela pourrait occasionner un trou dans les finances. »

Une baisse du tourisme à Ittre ?

Avec la fermeture des frontières, le couvre-feu et la limitation des déplacements, le domaine touristique est également touché. Pour Marine Deviere, du Syndicat d’Initiative d’Ittre, le bilan n’est pourtant pas entièrement négatif : « Pendant l’été, nous avons soutenu l’organisation de « Ittre, village du Théâtre et des Arts ». Il y avait des contraintes sanitaires, comme la réservation obligatoire, la distanciation et le nombre limité de personnes. On a créé un espace défini pour chaque ‘bulle’. Toutes ces règles ont permis de rassurer le public. Les gens étaient contents de pouvoir participer à une activité après le confinement. Finalement, la pluie nous a davantage embêté que le covid ! » conclut-elle avec humour.  

Depuis quelques semaines, les nouvelles mesures gouvernementales ont ramené les Ittrois à la maison. « Nos partenaires touristiques voisins constatent la même chose : aujourd’hui, on reste 24 heures sur 24 chez soi. Les gens ont besoin de bouger et de sortir. On vend donc surtout des promenades. » (voir encadré ci-contre)

D’autres activités, par contre, ont dû être annulées. C’est le cas de la Balade de Printemps, de « Canal en fête », du Marché des Saveurs, de la promenade et du Concert d’automne et du futur concert de Nouvel An. Finalement, seuls le Concert de Nouvel An et le Festival d’été ont eu lieu.

Le tourisme de proximité tire son épingle du jeu

Pour Sophie Peeterbroeck, le volume de touristes avec séjour a diminué : « C’est un propriétaire de gîte qui m'en a fait part au mois d’août » précise-t-elle. « Pour ma part, je pense qu’on a un statu quo de la fréquentation touristique. En effet, vu l’annulation des activités récurrentes, le nombre de touristes a diminué. Mais il a été compensé par le nombre de touristes spectateurs du festival. »

« Par contre, les gens sont restés dans leur commune et ont été obligés de la découvrir.  C’est donc bénéfique pour le tourisme local car il n’était plus possible d’aller à l’étranger. Tout près de chez soi, il y a de belles choses à voir, parfois tout aussi dépaysantes qu’un voyage à l’étranger ! » conclut Marine Deviere.

Pas de kermesse à Virginal

L’association « Virginal en fête » anime Virginal depuis de nombreuses années. Bien sûr, son activité principale est l’organisation de la fameuse kermesse à la fin du mois d’août. Mais d’autres animations, plus modestes celles-là, ont aussi vu le jour au fil des années : quizz, bingo, théâtre, brocante, promenade des illuminations de Noël, ciné en plein air, etc. Les activités ne manquent pas, toutes aussi variées. Depuis quelques années, un nouveau comité tente d’insuffler une dynamique, malgré les difficultés que cela implique : « C’est difficile de changer les habitudes. Il faut trouver un équilibre entre les aspirations de chacun. Entre ceux qui veulent maintenir le ‘boire et manger’ dans la fête et ceux qui veulent proposer plus d’animations » explique Didier Verboomen.  

2020 devait être une année spéciale pour Virginal en fête. La kermesse voulait fêter l’anniversaire des 40 ans des Gilles de Virginal. Une dimension familiale et folklorique avait été réfléchie pour l’occasion.   Mais le coronavirus a changé les plans. « On a d’abord tenté de proposer une formule plus réduite, avec une brocante. Mais les conditions sanitaires imposées à la fin du mois d’août sont devenues compliquées à mettre en place et nous avons dû renoncer. Depuis, toutes nos activités ont été annulées. » explique le membre du comité.

La bonne nouvelle, c’est que, malgré les diverses annulations, les finances de l’association restent saines « On n’a pas dû engager de frais dans ces activités. Pas de frais et pas de rentrées, nous sommes au même point qu’au début de l’année ».  

Un avenir incertain

En cette période, l’avenir reste incertain pour Virginal en fête. Une réflexion qui témoigne de la difficulté, pour les petites associations, de trouver une motivation et des bénévoles pour la faire exister : « On a mis beaucoup d’énergie en 2020, et finalement, rien n’a pu se concrétiser. Le covid a remis les choses à plat… On ne sait pas de quoi l’avenir sera fait, ni quelle sera la dynamique en 2021, ni comment chacun va encore s’impliquer dans l’association. Pour le moment, nous n’avons encore rien de prévu en 2021. Nous sommes un petit comité et ce serait bien d’avoir du sang neuf » conclut Didier Verboomen.

Des cours de théâtre en ligne

Dans le secteur culturel aussi, la situation est compliquée, mais certains trouvent des solutions pour continuer à travailler. C’est le cas de l’Art qui show, une association qui propose des ateliers et des stages de théâtre aux enfants et aux adultes. Pour Valérie Tilmans, animatrice des ateliers de l’association, il faut rebondir à chaque changement de norme : « Après le premier confinement, j’ai envoyé des textes aux enfants. Ils les travaillaient en vidéo, me les renvoyaient et on avançait comme cela.  Après, je montais tous les textes ensemble. « 

« Pendant l’été, nous avons essayé de mettre en place les stages mais il était trop tard.  Nous n’avons reçu que quelques inscriptions, pas suffisantes pour être rentable….»

Puis est venu le deuxième confinement : « J’ai donné des cours en ligne pour les plus de 12 ans, devant mon écran. On pratique des exercices d’échauffement, l’expression, les sentiments, les exercices techniques... On travaille surtout la voix, le visage, etc.  Difficile de travailler la mise en scène par écran interposé. Heureusement, pour les plus jeunes, les cours peuvent encore se donner. »


Une faculté de s’adapter et de rebondir

A la rentrée scolaire de septembre, les ateliers ont repris normalement, avec quelques mesures sanitaires. « Chez les adultes, on a senti beaucoup de stress et de peur, malgré les mesures sanitaires qui étaient prises. Avec tous ces changements, ma crainte est que les élèves se lassent d’arrêter puis de reprendre, pour à nouveau arrêter… Ce n’est pas motivant. Certains se demandent si cela vaut la peine de travailler sur un spectacle qui n’aura peut-être pas lieu.  

L’aboutissement d’une année

« Nous organisons généralement un spectacle individuel en novembre et un autre collectif en mai. Ce spectacle, c’est l’aboutissement de toute une année de travail. S’il n’a pas lieu, c’est un manque à gagner financier pour l’association qui, pour le moment, puise dans ses réserves, mais c’est surtout une motivation qui s’envole pour tous les élèves. » confie Valérie.

Et cela pourrait-il encore durer ? « Jusqu’à maintenant, le travail en ligne peut encore fonctionner, car c’est un travail individuel. Mais à partir du mois de février, on passe à la mise en scène.  Et là, le travail à distance n’est plus possible.  Il faut être ensemble sur scène… » explique Valérie Tilmans, avant de conclure « Il faudra s’adapter et rebondir. C’est un plaisir de travailler, et c’est une bulle d’oxygène pour mes élèves qui peuvent se vider la tête en ces temps compliqués. »

Et l’avenir ?

Finalement, qu’importe les activités qu’elles organisent, comme tous les secteurs de notre société, les associations de nos villages ont dû s’adapter à la pandémie. Contraintes et forcées. Cela peut avoir de bonnes conséquences, et susciter la créativité. Se faire bousculer permet de sortir de la routine et de remettre ce qu’on fait en perspective. Pourtant, aujourd’hui, c’est bien la perspective qui manque. Aucune ne sait de quoi son avenir sera fait. Difficile, voire impossible, de lancer de nouveaux projets. Si le coronavirus a été un vecteur de transformation, ce qui n’est pas forcément négatif, ce changement est à présent bloqué par le manque de perspectives d’avenir.

Comment seront nos associations après cette crise ?  Différentes, probablement. Parfois, le changement sera imperceptible. Parfois, il sera fondamental. Du moment que ce coup d’arrêt ne devienne pas irréversible. Du moment que le dynamisme et la motivation, pour le moment malmenés, puisse reprendre quand la crise sera passée. Pour que, pour longtemps encore, nos associations puissent continuer à être le ciment de notre société. Parce que, soyons honnêtes, tout ce qu’elles organisent, tout ce qu’elles apportent, tout ce qu’elles produisent… tout cela nous manque terriblement… Pour notre bien-être et celui des autres.

Ludovic Devriendt