Portrait : Je suis Tamoul, je vis à Ittre !
Le mois passé, nous découvrions le contexte violent du Sri Lanka. Des voisins en ont échappé et demandent l’asile en Belgique. Ici, « les gens sont comme çà ! », dit-il le pouce levé.
Surendran a assez bien la pêche ces jours-ci. Malgré que son droit à l’asile soit menacé, la vie à Ittre lui permet de reconstruire sa famille, tout doucement, « petit à petit ». Il aurait voulu simplement parler de la vie qui passe doucement ici. Mais chaque regard sur la beauté des vallées d’Ittre demeure malgré tout chargé de mélancolie et de confusion. C’est ce que les gestes disent quand la langue ne le permet pas. Alors, il parvient ici à survivre avec les fantômes d’un passé proche et les traces qu’ils ont laissées sur son corps. Et sur les corps de ceux qu’il aime et qu’il cherche à protéger.
Pourtant, ces temps-ci, les cauchemars lui laissent un peu d’énergie : il veut faire des progrès en français ! Il aimerait être à l’aise pour rencontrer et tailler la bavette « avec les voisins ». Il aimerait recevoir le droit de faire à nouveau travailler ses mains qui domptaient là-bas « les moteurs ». Il aimerait être plus autonome « quand il va faire les courses », « quand il a des rendez-vous ».
Très autonomes justement, les enfants parcourent les vallées riantes de l’entité, à vélo, à pieds, en bus pour taper la balle ou rejoindre des potes, « les copains ». Rien de tel que les chemins de halage et l’eau qui lui rappellent le temps où la pêche lui permettait de nourrir sa famille. Et puis, quelle différence depuis que les garçons fréquentent une école de l’entité ! « Grâce à des amis », « au professeur ou au directeur », les yeux se sont allumés d’une flamme plus vive. Celle de l’espoir, de l’envie de vivre « normalement », « comme tout le monde ». Les corps vont un peu mieux également. Ils adorent « la piscine de Braine-le-Comte et la plaine de jeux de Virginal ».
Une photo dans le salon. Elle, hindoue, très belle, et lui, chrétien, droit et fier, priaient ensemble pour leur mariage. Aujourd’hui, seul, c’est à Marie de Nazareth, dont l’icône est posée sur l’unique meuble, « la Maman », le symbole de la compassion, que Surendran réclame de l’aide. Sûr qu’elle habite aussi à Ittre !