Hommage à michel Olyf, un des fondateurs du Petit Tram
Michel Olyff , Haut-Ittrois depuis plus de 50 ans et artiste graphiste dont la réputation a dépassé nos frontières, s’est éteint le 17 novembre dernier à l’âge de 96 ans. Par-delà l’artiste et le transmetteur de passion en tant que professeur, c’était aussi un compagnon, un ami, un voisin mais, plus que tout à nos yeux, c’était celui qui a donné naissance en 1974 au mensuel qui nous tient tellement à coeur depuis : le Petit Tram. Pour lui rendre hommage, notre équipe a souhaité laisser la parole à plusieurs Ittrois qui l’ont connu et côtoyé durant ces nombreuses années vécues au sein de notre village.
Nathalie Lourtie - Directrice
« Michel Olyff est décédé le 17 novembre 2023. Haut-Ittrois de longue date, Michel a marqué notre histoire et l’histoire de notre village par son talent, sa militance et son dévouement. Parmi les faits marquants de son inlassable activité, on peut relever les étapes suivantes : - Il est membre fondateur du mensuel culturel « Le Petit Tram » ; - Il est membre fondateur de « Paix Juste au Proche-Orient » (PJPO) ; - Il est membre de longue date du mouvement politique ittrois « Participation § Alternatives » (P.A.) ;
- Il est l’auteur du chemin de croix contemporain de l’église Saint Laurent à Haut-Ittre ;
- Il est membre du groupe d’avant-garde CoBRA (Copenhague/BRuxelles/Amsterdam) réunissant entre1948 et 1951 peintres, sculpteurs et poètes ;
- Il participe jusqu’en 1953 aux « Ateliers du Marais » avec Alechinsky et Strebelle ;
- Graphiste de réputation internationale, il est l’auteur de multiples logos emblématiques tels ceux de la RTBF, de la Loterie Nationale ou, encore, du « Patrimoine mondial ».
La disparition de sa personnalité attachante affecte particulièrement notre Commune. »
[Extrait du texte de Claude Debrulle, ancien président du Centre culturel d’Ittre]
« Michel nous a quitté à l’âge respectable de 96 ans, il s’est endormi paisiblement la nuit du 16 au 17 novembre.
Quelques 120 personnes ont comme moi pu entendre récemment une grande quantité de témoignages qui ont pu valoriser les qualités de graphiste de renommé internationale, de professeur à L’UCL et à la Cambre, d’artiste et d’homme créatif, d’homme engagé socialement et sociétalement au côté des peuples opprimés, d’athé avec une grande ouverture d’esprit et un intérêt pour la religion chrétienne, d’amoureux de la nature, du jardinage, des oiseaux, de la mer.
D’un mari qui a partagé 67 ans au côté de sa femme Anne, avec laquelle il formait un couple magnifique. D’un père, partenaire et ami de ses 3 enfants Francois, Mathieu et Clothilde. D’un homme qui a toujours témoigné d’une grande hospitalité, qui avait son humour, le sens critique mais témoignait de beaucoup de modestie. D’un citoyen également intéressé par sa communauté locale, Haut-Ittre où il habitait depuis près de 60 ans et Haut-Ittre pour lequel il a d’ailleurs créé un chemin de croix visible dans l’Eglise ST Laurent, ainsi que deux, petits, géants.
On connaissait son engagement pour PA pour lequel il a réalisé de multiples travaux graphiques, et éléments de campagnes électorales.
Un autre engagement que Michel a eu pour sa communauté c’est son attention permanente au Centre Culturel (CLI) : c’est lui, avec une équipe de nos 3 villages, qu’il a créé le Petit Tram tout début 1975. L’écriture et la mise en page se faisait chez les Olyff . A l’époque une feuille A3 Recto-verso, voilà que cette aventure perdure depuis bientôt 50 ans !
J’ai eu l’occasion durant près de 35 ans de coordonner le travail du Centre Culturel et Michel nous a permis de réaliser 2 projets importants : l’un fin des années 80 autour de la presse, et l’autre concernant une exposition artistique autour de ses œuvres à l’encre de chine et son travail de graphiste, qui ont animé les cimaises de l’Espace Bauthier il y a une dizaine d’années. Je me souviens comment il tenait à être présent lui-même pour accueillir toutes les classes de nos écoles qui visitaient l’expo….
Vraiment un grand monsieur ! Peut-être pas par la taille mais par la grandeur de son coeur, de son talent et de son attention aux autres.»
[Extrait du texte de Luc Schouckens, directeur à la retraite du Centre culturel d’Ittre]
« Michel, cher ami, cher voisin, cher compagnon, Cherchant une maison, il y a plus de 50 ans, un ami commun m’a orienté vers toi, habitant au centre de Haut-Ittre. Ce fut la première découverte de ton talent, Michel, tu m’as dessiné un schéma du village avec la position des maisons à vendre. Ce n’est que par la suite que j’ai appris que tu étais graphiste et entre autres spécialisé dans les logos indicateurs.
Nous avons eu pendant 23 ans, des relations plus que de voisinage notamment par la fréquentation et les relations avec vos 3 enfants. Et plus important, notre relation amicale de militants pour une paix juste en Palestine. Les raisons, les circonstances : quelle belle épopée !
Avant 2002, mes contacts avec Henri Weber, le curé de Haut-Ittre avait été un problème de voisinage. Et puis, Anne, ton épouse qui l’avait accompagné lors d’un pèlerinage en Palestine m’a informé de ses positions de sympathie envers les Palestiniens chrétiens et vous nous avez invités à partager un repas avec lui. Suite au conflit israélo-palestinien et à la révolte des pierres début 2002, nous avons créé avec lui et diff érents citoyens le groupe Paix Juste au Proche Orient : P.J.P.O.
Et Michel, tu es devenu notre graphiste attitré. Nous te devons pour commencer ce magnifique symbole repris par tous les groupes PJPO du Brabant Wallon : un rameau d’olivier croisé et surplombé d’un fi l de fer barbelé. Encore de toi, devant l’olivier communal, la création de cette plaque où l’on peut lire : Paix, Salam, Shalom.
Michel, tu n’as jamais arrêté de nous aider à la réalisation graphique des nombreux événements que nous organisions et tu as toujours participé et été présent à tous les événements publics organisés par PJPO dans la commune d’Ittre et jusqu’à l’année dernière lors du vingtième anniversaire de PJPO. »
[Extrait du texte de Marco Abramowicz, membre fondateur de l’association PJPO]
« Dès ma première rencontre avec Michel, j’ai découvert un homme simple, chaleureux, avec un sens extraordinaire de l’hospitalité, qu’il partageait avec Anne. L’hospitalité réside bien sûr dans la porte ouverte et la table accueillante, mais aussi pour Michel dans un intérêt et une vraie joie de découvrir l’Autre ; l’Autre, avec ses capacités, sa personnalité, et tout ce qu’il a d’unique et d’irremplaçable.
Cet intérêt de Michel pour les Autres était sans frontières ni dans le temps ni dans l’espace. Il s’intéressait aux modes de vies ancestraux, et même aux débuts de l’humanité – je l’ai entendu dire avec enthousiasme qu’on avait trouvé des silex et des couteaux de pierre près d’Ittre. Il se passionnait autant pour les cultures du passé que du présent, et pour les peuples du Nord comme ceux du Sud.
Et cette intense curiosité et admiration pour tous ces modes de vies suscitait inévitablement de la solidarité. Lorsque, d’une manière ou d’une autre, un de ces peuples était menacé, discriminé, dépossédé, Michel se solidarisait immédiatement avec ce peuple.
Comme il se solidarisait aussi avec la nature, trop souvent meurtrie par la déforestation ou la pollution des mers. Je me souviens l’avoir entendu dire : ‘c’est bien que l’UNESCO protège des sites du patrimoine mondial, mais il faudrait protéger le monde entier une fois pour toutes.’
Toute cette sensibilité de Michel, homme ouvert, hospitalier et solidaire, s’est encore renforcée avec le regard de l’artiste. L’art suppose une grande capacité d’étonnement, et une profonde admiration, devant tout le vivant. Dans l’enfance, Michel a rencontré Olivier Strebelle, son grand ami artiste, qui l’a initié à regarder les oiseaux, à grimper dans les arbres, et surtout à s’émerveiller devant tant d’ingéniosité spontanée de la nature. Ce regard d’artiste a certainement renforcé son ouverture et hospitalité, sa sincère perception que chaque personne est magnifique et précieuse.
Il n’est donc pas étonnant que Michel ait été un formidable enseignant, patient, tolérant, prêt à toujours donner une nouvelle chance et à redonner confiance. Michel savait que la création est une prise de risque, que la réussite passe par des moments de recherche et parfois de doute, et qu’il est nécessaire de ne pas trop vite juger. Je voudrais dire ma profonde gratitude à Michel, à Anne et à la famille qui rayonnent tous de cette hospitalité et de cette solidarité humaines, et de cette créativité audacieuse, confi ante et humble. J’espère que ton très bel héritage, Michel, continuera longtemps à nous inspirer. Merci Michel. »
Michel olyff en préparation d'une des premières maquettes du Petit Tram